L'Union face au spectre de l'AfD

La CDU/CSU allemande est de nouveau tiraillée par des débats internes sur la stratégie à adopter face à l'AfD, le parti d'extrême droite, alors que certains membres plaident pour une approche plus souple. La "muraille de Berlin" érigée par l'Union contre l'AfD est remise en question, notamment en Allemagne de l'Est.

Points clés

• La CDU/CSU maintient officiellement son refus de toute coopération avec l'AfD.
• Des figures influentes, comme Peter Tauber et Karl-Theodor zu Guttenberg, ont ouvertement critiqué cette stratégie, la jugeant inefficace.
• Plusieurs politiciens CDU d'Allemagne de l'Est se montrent favorables à une approche plus pragmatique, notamment en matière de votes au parlement.
• La question des postes parlementaires (vice-présidence du Bundestag, présidence de commissions) attribués à l'AfD est un point de friction majeur.
• La direction de la CDU, autour de Friedrich Merz, réaffirme son opposition à tout rapprochement avec l'AfD.
• Cette division interne met en lumière des tensions entre les différentes ailes du parti et les réalités politiques régionales.

Contexte

La CDU/CSU a établi une "muraille de Berlin" (Brandmauer) visant à exclure toute forme de collaboration avec l'AfD et le parti de gauche Die Linke. Cette stratégie, formalisée par une résolution du parti en 2018, vise à maintenir une ligne claire entre les partis démocratiques et les extrêmes. Cependant, la montée en puissance de l'AfD, notamment dans les Länder de l'Est, remet en question l'efficacité de cette approche et suscite des débats internes sur la meilleure façon de contrer l'influence du parti d'extrême droite.

Chiffres & faits

• 2018 : Adoption de la résolution de la CDU excluant toute coopération avec l'AfD.
• Peter Tauber : Ancien secrétaire général de la CDU, il a relancé le débat sur la "Brandmauer".
• Karl-Theodor zu Guttenberg : Ancien ministre de la Défense (CSU), il soutient une approche plus souple.
• Friedrich Merz : Président de la CDU, il maintient fermement l'opposition à l'AfD.
• Plusieurs politiciens CDU d'Allemagne de l'Est : se prononcent pour une attitude plus pragmatique.
• L'AfD échoue régulièrement dans ses tentatives d'obtenir un poste de vice-président au Bundestag.

Analyse

Le débat au sein de l'Union révèle une fracture profonde sur la stratégie à adopter face à l'AfD. D'un côté, la direction du parti souhaite maintenir une ligne claire pour éviter toute normalisation de l'extrême droite. De l'autre, des voix s'élèvent, notamment en Allemagne de l'Est, pour prôner une approche plus pragmatique, arguant que l'isolement de l'AfD n'a pas permis de réduire son influence. Cette division met en lumière les tensions entre les impératifs nationaux et les réalités politiques régionales, où l'AfD réalise des scores importants. La question des votes conjoints sur des sujets spécifiques soulève également des interrogations sur la compatibilité entre principes et efficacité politique.

Perspectives

Le débat sur la "Brandmauer" devrait se poursuivre au sein de la CDU/CSU, alimenté par les résultats électoraux de l'AfD et les pressions politiques dans les Länder de l'Est. Il est peu probable que la direction du parti modifie officiellement sa position, mais la question de la gestion des majorités parlementaires et des votes conjoints avec l'AfD restera un point de tension. L'évolution de ce débat aura un impact significatif sur la stratégie de l'Union et sa capacité à contrer l'influence de l'AfD. L'issue de ce conflit interne pourrait redéfinir le paysage politique allemand.

Source: https://www.tagesschau.de/inland/innenpolitik/union-afd-brandmauer-100.html